[BG] Ambre*

*Un baluchon sur l'épaule, la jeune femme se présenta au comptoir de la taverne, et vit les musiciens. Son ventre grognait de faim et pourtant son esprit était centré sur le rythme du joueur de viole et de la harpiste. Elle commença à taper en rythme puis portée par la musique elle monta sur scène et entreprit de danser, faisant offrande de son corps aux accords et aux harmoniques. Un petit être la remarqua, et une jeune femme parla à Toman, soulignant que ses prestations donnaient soif et attiraient le client. Le but de la danseuse était de trouver un contrat.*

Spoiler:

*La jeune barde chantonnait un air bucolique et champêtre, assise sur le bar du Lotus Blanc, l'auditoire accrochée aux vibratos attendant sa chanson. Elle profitait des pourboires pour payer sa chambre. Cette chanson lui était venue alors qu'elle essayait de remettre de l'ordre dans ses émotions, dans la petite auberge de Sous-Colline, en compagnie d'un elfe.*

Entendez et retenez
La geste de deux personnes peu avisées.
La première avide de découverte, gnome de son état,
La seconde avide de sensation, les cherchant dans l'éclat.

Toute deux par une journée ensoleillée
S'en allaient par chemins et vaux ravinés.
Le pied léger, le sourire charmant,
Ils se retrouvèrent loin des sentiers arpentant.

Soudain, leurs sens se virent attirés
Par des bruissements suivis de suppliques apeurées.
S'approchant, lui dans les herbes folles le nez,
Elle plus téméraire, peut-être un peu trop sûre de ses capacités.

Devant leurs yeux ébahis,
Un pauvre hère par trois sylphes poursuivi.
Elles tournaient et virevoltaient,
Alors qu'à un arbre géant elles l'acculaient.

Soudain, sortant de l'arbre majestueuse,
Une créature aux paroles impérieuses
D'humeur passablement colérique, la Dryade
Pointait l'homme et sa sentence coupable.

Les deux aventuriers s'en trouvait sidérés
Quand dans l'arbre se fondit le condamné
Tel est le châtiment soyez en avertis
Pour celui qui tue une biche de la forêt bénie.

Qu'est-il advenu de nos trop curieux
Ont-ils échappé à un funeste destin, les malheureux ?
La Dryade, par les Sylphes avertie
Vers eux sa colère reconduit.

Elle n'eut de pitié que pour mieux les apeurer,
Et par leur biais un message vers les hommes envoyer.
Ceux qui ne respectent la forêt sa clémence peuvent oublier,
C'est la parole qu'ils doivent faire circuler.

C'est poursuivis par un loup gigantesque grondant
Que les deux sortirent des futaies de ces bois effrayants
Entendez et retenez,
La geste de la Dryade et de sa loi édictée.
Nul ne doit aux biches sacrées toucher
Sous peine de sa vie aux bois abandonner.

*Le chant pris fin sur une note longue, l'auditoire regardant la jeune barde avec un mélange de méfiance et de peur. Nul doute que cette queste fera le tour des villages et que les forestiers réfléchiront avant de tirer.*

[Anim Santi d'un soir -peu après mon arrivée]

La Geste Silencieuse.

Une Guilde d'assassins sévit,
Elle apporte le chaos en ville.
Déjà un homme elle a empoisonné
Sure d'elle puisqu'aucun antidote trouvé.

C'était sans compter sur l'amitié
Du gnome au nez difforme informé.
Sitôt il parcouru la cité gromelant
Et dans l'Orbe arriva finalement.

Là il prit une leçon de Maitre Charrandio
A défaut de brio il passa l'épreuve en trio
Deux jeunes femmes main forte lui prêtant
Pour que le poison ne soit pas gagnant.

Une comptine, un savoir, mis en communs
Et l'impossible se fit opportun.
Le Sage Charrandio la réponse connaissait
Mais son poulain tester il voulait.

Voilà l'équipée en forêt partie
Avec le renfort d'elfes aux oreilles averties
Une rencontre avec des gitans, une danse, un partage
Avec ceux qui ont si mauvaise réputation selon les adages.

Le Gnome envers la forêt avait un dû
Des flèches sur ses fils que tirer il n'aurait du,
La Maitresse des lieux le lui rappela
Et sa pureté de coeur elle testa

Le Roi des futaies, celui qui en lui l'antidote détenait
Fit don de lui-même, et la fleur convoitée se révélait.
Courant avec le Roi sur les talons,
L'équipée se pressa vers la cité et ses crénelons.

Là, au blessé ils vinrent administrer
Et le pistil béni qu'il devait avaler.
Pensant ainsi de cette histoire se débarrasser
Après tant de dangers avoir braver.

Las ! les aventuriers avaient oublié l'assassin
Dont ils avaient perturbé les sombres desseins.
Le lendemain, les autorités à la fête étaient conviées
Suite à la mort tragique du guérisseur initié.

Un tumulte, une avalanche de clameurs
Pointant du doigt les protagonistes investigateurs
Et de même la guilde qui la sécurité menaçait
Fut informée de la tournure et des identités.

Cette geste, maintenant je dois garder secrète
Et longer les mur, me faire discrète.
Si ma vie je veux garder et chanter continuer,
La ranger dans mes papiers et oublier.

*Chanson qui restera murmurée dans un coin sombre, isolée, sans témoins.*

*sur le calepin, quelques mots*

J'ai vu Jorgen le Vénérable
Son temps précieux il m'accorda.
Il prêta à ma requête une oreille charitable
Et d'un titre mon chant gratifia.

Maman tu m'as fait un don.
Le Vénérable m'a donné un choix.
Ici je peux laisser vivre mes chansons
Ici je peux laisser s'envoler ma voix.

Je suis Ambre, Barde.

*La jeune barde avait eu une carrière très courte, tellement de choses à faire partager, tellement de choses à conter, tellement de gestes à relater. Mais elle avait disparue avant que sa renommée la rende indispensable à la vie artistique de Léanbruun. Indispensable, elle ne l'était pas. Donc on ne la revoit plus danser au Lotus ou à la Taverne du Pont, ni même à Sous-Colline.*

*Un calepin à la main, un collier de fleur au cou, le tournois avait été un joli divertissement, des corps huilés et des muscles saillants, même un baiser, mais celà manquait de chants. Et puis il y eu ce cri. Ambre était rentrée en pleurs, bouleversée par les diffamations qu'elle clamait subir. La Capitaine elle-même écouta sa complainte, et lui fit don d'un mouchoir de soie. Il lui fallait faire des articles et oublier cette tâche dans son nuage maintenant.*

*Calepin d'Ambre*

Juste un pétale de rose vive
A un souffle balloté comme brise
Nulle épine qui ne rivalise
Sublimant d'une douleur la bise
Etre plus que vive dans l'ensemble comprise
N'être qu'un pétale d'une rose vive.

*Calepin d'Ambre*

Laissons masquer l'eau la nuit
Laissons étouffer la flamme le jour
Laissons s'éteindre la confiance dans ce lit
Laissons s'évanouir l'innocence de la poupée.

Tu as pris mon âme
Je t'ai dédié mon art
Tu as pris ma flamme
A l'aube de son départ

Un homme peut souffler une bougie
Mais couche devant un vent de furie
Tu m'as appris l'affront des moqueries
Sens-tu cette bouche que tu as endurcie ?

Laissons s'évanouir l'innocence de la poupée
Laissons s'éteindre la confiance dans ce lit
Laissons rejaillir la flamme le jour
Laissons rugir les souffles la nuit.

*Ecrit dans le calepin d'une encre rouge mat*

Attentifs aux moindres gestes et faits
Des petites gens réprimant les méfaits
On les respecte moins qu'on les craint
Reitres, soldats ou fier paladins
Assurés de prodiguer le bien
Tels sont les servants de Fulrim
Enforceurs qui pour justice briment
Unanime discours sur le bon droit
Rapide sentence qui tombe de leur bras
Surtout de les offusquer bien vous gardez
De leur courroux autrement vous souffrirez
En leur temple on entre plein d'effroi
Baissant l'échine devant le puissant Beffroi
Et malheur à celui qui les contredit
Liberté de parole chez eux est interdite
Il faut craindre leur mots autant que leurs maux dits
A terre regarder quand Justicar s'exprime
La seule Justice qu'il donne est au nom de Fulrim.

Le matin, les matins, elle soulignait d'un trait de charbon la verdeur de ses prunelles.
Le matin, tous les matins, elle habillait son visage d'un sourire serein et désarmant.
Le matin, chaque matin, elle laissait ce sourire estomper le reflet que son dos exposait.

La nuit, les nuits, les ruisseaux de ses yeux reprenaient leur droit sur les ravines de ses joues.
La nuit, toutes les nuits, la glace de son sourire fondait dans la tiédeur de sa chambre.
La nuit, chaque nuit, la douleur des coups s'exprimaient par sa voix libérée.

*Calepin d'Ambre*

Tous les mêmes
Tous eux-mêmes
Tous à ergoter
Tous à insulter.

Facile pour eux de tenir un fouet
Facile pour eux de me faire jouet
Facile aussi de sentir les coups
Facile aussi de finir sans pouls.

Protecteur qui ne protège rien
Chroniqueur qui déforme comme rien
Tous à m'exclure pour mieux rire
Tous à insulter pour médire.

Jouet je reste de leurs fleurs
Jouet quand je présente un pleur
Le sel qui ronge ma peau brûle
Le Sel qui court mes veines non prudes.

Endurer pour sauver fardeau improbable
Endurer pour vivre malgré leurs brimades
Haine qui brûle sur les lèvres de mon sourire
Haine qui brûle l'innocence qu'ils détruisirent.