Diables et démons

Les Baatezus sont une race de fiélons malfaisants, puissants et particulièrement bien organisés. Chaque Baatezu possède un rang au sein de la grande famille, ce qui confère à ce peuple une relative harmonie et une force considérable. Dans ce système de castes rigides il n'en est pas moins possible d'améliorer sa position en prenant part à la Guerre Sanglante ou, plus fréquemment, en occupant la place d'un supérieur disparu. C'est d'ailleurs pour cette raison que les assassinats sont si fréquents parmi les membres de cette race... La promotion d'un diable s'accompagne toujours d'une transformation physique en rapport avec son nouveau rang dans la hiérarchie.

Les Baatezus sont obsédés par deux objectifs. Tout d'abord, erradiquer leurs ennemis ancestraux, les Tanar'ris. Pour les deux races, ce conflit est d'ailleurs bien plus qu'une simple guerre visant à l'annihilation de l'une d'entre elles : il s'agit ni plus ni moins que d'une véritable définition de l'existence. En second lieu, les Baatezus ont récemment - du moins à leur échelle temporelle - repéré un groupe d'êtres très intéressant par sa malléabilité : l'Humanité... En infiltrant le monde des humains et en y gagnant des adorateurs, les Baatezus acquièrent de l'énergie magique, donc un avantage supposé sur les Tanar'ris. Aussi ont-ils entrepris de prendre le contrôle du monde matériel en faisant croire à leurs victimes qu'ils sont dotés de pouvoirs divins. Contrairement aux chaotiques Tanar'ris, les Baatezus poursuivent un objectif à long terme : imposer la domination de leur race à tous les plans connus. C'est la raison pour laquelle ils préfèrent encourager les déviations intellectuelles de l'Humanité, comme la vanité et l'ambition, plutôt que ses appétits charnels comme le font les Tanar'ris.

Les Baatezus peuvent revêtir toutes sortes d'apparence, bien que la plus commune soit celle d'une gargouille gothique grotesque et hideuse selon les critères esthétiques humains. Ils se divisent basiquement en quatre catégories :

* Majeurs ( Amnizus, Cornugons, Gélugons, Diantrefosses )
* Mineurs ( Abishaïs, Barbazus, Erinyes, Hamatulas, Kocrachons, Osyluths, Thalassugons )
* Moindres ( Nupperibos, Spinagons )
* Les lémures sont quant à eux si bas dans la hiérarchie qu'ils ne méritent même pas le qualificatif de "moindre". Leur rôle est pourtant non négligeable dans la récolte d'âmes pratiquée dans les Limbes.

Il est important de noter que les Baatezus ne peuvent pénétrer dans le Plan Matériel ou dans les Plans Divins que s'ils ont été convenablement conjurés. Un jeteur de sorts peut obliger les Baatezus mineurs et moindres à le servir pendant une durée limitée ( neuf jours dit-on communément ). Il peut tenter la même chose avec un Baatezu majeur, mais pour une durée se décomptant en heures et en courant des risques infiniment plus élevés.

Comme les Baatezus, les Tanar'ris sont des fiélons, mais ils personnifient un mal d'une nature très différente. Ils sont en effet le chaos personnifié : aucune doctrine ne les motive, uniquement des impulsions perverses et violentes. Ils poussent les mortels à s'adonner aux crimes de la passion et du vice, à céder à leurs appétits les plus maléfiques. Les moins intelligents d'entre eux attaquent souvent sans raison, combattant alors jusqu'à la mort. S'il sont moins calculateurs que les Baatezus, la plupart des Tanar'is ne sont pas stupides pour autant, sachant pertinemment malgré leur goût pour la violence qui attaquer et quand se retirer.

Les Tanar'ris se divisent en cinq groupes, de manière toute théorique :

* Gardiens : Molydées
* Suprêmes : Balors, Glabrezus, Hezrous, Mariliths, Nalfeshnies, Vrocks
* Majeurs : Babaus, Chasmes, Goristros, Nabassus, Wastriliths
* Mineurs : Alu-fiélonnes, Armanites, Bar-lguras, Cambions, Succubes et Incubes
* Moindres : Dretches, Rutterkins

Cette classification n'a cependant pas grand impact sur leur existence quotidienne. Elle ne sert qu'à mesurer approximativement leur potentiel individuel de destruction. Les Tanar'ris ne se soucient guère que de pouvoir, et un démon mineur très fort qui vainc un cousin majeur acquiert le statut correspondant auprès de tous les autres. Les luttes de pouvoir insignifiantes sont légion, et pour cause : tous sont convaincus que l'individu est plus important que le groupe, et chaque Tanar'ri pense qu'il est plus important que n'importe qui. Dans le monde des Abysses, seul le fort peut survivre, seul le plus fort peut régner. Quant au plan matériel, il ne représente pour eux qu'un vaste terrain de jeu où exercer leur puissance et leur soif de destruction en toute liberté.

Les Tanar'ris constituent l'un des deux protagonistes de la Guerre Sanglante qu'ils livrent depuis toujours à leurs ennemis ancestraux, les Baatezus. Les deux factions se battent cependant de façon très différente. Les Baatezus sont organisés, mettent au point des tactiques et définissent des objectifs précis. Les Tanar'ris forment une horde chaotique et désordonnée, se servant de leur multitude pour livrer une guerre d'usure. Bien que leur populations soit difficile à chiffrer, on les considère au moins cent fois plus nombreux que les Baatezus. En fait, cette engeance désordonnée ne livre la Guerre Sanglante que parce que les Molydées semblent ressentir un besoin instinctif de détruire les Baatezus, et qu'ils forcent les moins puissants qu'eux à se plier à leurs désirs...

Un certain nombre de Baatezu se trouvent en permanence dans les Limbes, où ils tentent de marchander avec les nombreuses âmes en attente leur transformation en diables. Largement dominés en nombre par leurs ennemis, les Baatezu cherchent en effet à gonfler leurs rangs avec des lémures qui, à terme, pourront se transformer en entités encore plus puissantes. Bien qu'une telle proposition ne soit sûrement pas attirante pour la plupart des âmes, ceux qui craignent de subir un cruel châtiment dans le plan de leur divinité peuvent y voir une manière de se soustraire à un plus sombre destin. En échange de leur assujettissement, les âmes peuvent se voir offrir de rapides promotions au sein de la hiérarchie diabolique, des richesses matérielles pour des proches restés sur le plan physique, ou une vengeance sur ses ennemis encore vivants. Inutile de dire que les réussites restent rares au regard du nombre d'individus qui transitent par les Limbes, mais les Enfers estiment que ce gain modeste vaut bien tous les efforts consentis pour ce recrutement.

Alors que les Baatezu ont négocié avec Hécate le droit de convertir des âmes, les chaotiques Tanar'ri emploient une méthode bien plus expéditive : ils emmènent les âmes de force. De temps à autres, un souverain démon crée un portail entre les Abysses et les Limbes, permettant à des douzaines de serviteurs de se ruer sur les âmes présentes et d'en emporter le plus possible dans leur royaume. Autant dire que ni Hécate ni les panthéons se voyant privés de leurs serviteurs fidèles n'apprécient ce genre d'incursions, et nombre de démons ont payé leur audace au prix fort. Le résultat de ces représailles divines est que les raids des Tanar'ris restent relativement peu fréquents, dans l'intérêt de tous...